vendredi 16 septembre 2016

Oser




Et puis, alors que j'avais mis deux caps sur mon année (l'ethnologie, c'est-à-dire mes études et la vie spirituelle), je croise une connaissance de l’aumônerie à la sortie de la messe de rentrée, habillé en scout. Thésard en droit, cela me surprend de moitié. Tandis que nous discutons, un beau jeune homme s'approche : "rejoins-nous!". Il n'y avait pas besoin du BAFA, pas non plus besoin d'avoir déjà fait du scoutisme, et mes valeurs de féministe allaient pouvoir être transmises sans entrave. J'ai signé. Je n'aurai jamais pensé que le jour où je deviendrais "scoute", ce serait vingt-deux ans après ma naissance. Je n'aurai jamais pensé non plus que ce jeune homme serait pilote du week-end territorial, que je partirai l'installer, puis passer ma première partie du BAFA et le stage pratique avec lui.

Une connaissance m'avait déjà proposé de rejoindre les Scouts et Guides de France alors que j'avais quatorze ans. Mais c'était ma mère qui faisait tout, et elle n'a jamais voulu nous inscrire, mon frère et moi.  Alors c'était fou, et pour la première fois, je faisais quelque chose contre son gré. Je faisais une "bêtise" sans me faire gronder. Je me suis sentie un peu plus grande tout à coup. Le premier pas est toujours celui qui fait le plus peur. Je m'étais pourtant donné un mot d'ordre, alors que j'étais pré-adolescente : ne jamais rien faire (ou pas) que je ne regrette. Quelques fois c'est dur, quelques fois il faut se lancer. Quelques fois il faut faire des choix un peu difficiles aussi. C'est comme si la porte ouverte devant nous comprenait un vide entre deux et qu'on était un peu obligé d'avoir la main de Maman, qui ne rentre pas dans la porte, pour pouvoir le passer, ce vide. Jusqu'au jour où on se rend compte que si on ne la lâche pas, on ne passera, nous non plus, jamais la porte.

Entre-temps, j'avais voulu étudier les Lettres Modernes, mais je pensais que cela ne me mènerait nulle part où je veux aller. Je voulais pourtant, j'aime tellement notre langue, je voulais apprendre l'ancien français et le latin et toute la littérature. Il en fut autrement ; au lieu de cela, j'appris tous les tableaux toutes les sculptures toutes les cultures. Bien sûr que tout cela a été passionnant.

Un jour, je me suis posée un défi : l'année prochaine, cette ville que j'ai toujours détesté, je ne la demanderai ni pour les études, ni pour le logement. Ainsi, je serai contrainte à partir, à démarrer de nouveau, à avancer, à oser.

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